De la connaissance du mental à la connaissance du Soi : un voyage intérieur
Aujourd’hui, j’aimerais explorer un sujet fondamental : la connaissance. Il y a la connaissance avec un petit "c", celle que nous accumulons tout au long de notre vie à travers notre mental. Puis, il y a la Connaissance avec un grand "C", celle qui se rapporte à la vérité ultime, à la découverte du Soi. Il n’est pas toujours évident de saisir ces deux formes de connaissance et encore moins de passer de l’une à l’autre.
La connaissance du mental : un outil essentiel pour évoluer dans le monde
Le mental est notre premier réceptacle de la connaissance. Dès notre plus jeune âge, nous absorbons le monde qui nous entoure par son biais. Il nous permet de catégoriser, d’apprendre, de comprendre notre univers. Plus nous avançons dans la vie, plus nous enrichissons notre bagage intellectuel, ce qui nous aide à mieux fonctionner en société : savoir comment travailler, comment interagir avec les autres, comment se repérer dans notre réalité.
Le mental construit également notre ego. Il façonne notre identité en définissant ce qui fait partie de nous et ce qui ne nous appartient pas. Il compile nos expériences, nos émotions, et forge cette entité que nous appelons "moi". Pendant longtemps, nous nous identifions à cette structure mentale et croyons que c’est tout ce que nous sommes.
Un appel intérieur vers une connaissance plus profonde
À un moment donné, pourtant, il arrive que ce "moi", plein de connaissances et d’expériences accumulées, ressente un élan intérieur. Une sensation diffuse qu’il existe peut-être quelque chose de plus grand, au-delà des concepts et des pensées. C’est souvent ainsi que commence le chemin spirituel.
Au début, cette quête de découverte passe encore par le mental : nous dévorons des livres, assistons à des conférences et des séminaires, méditons avec ferveur. C’est excitant, stimulant. Nous cherchons à comprendre ce qu’est le Soi, ce qu’est l’éveil, ce qu’est la vérité. Mais dans cette effervescence, une subtilité se cache : c’est toujours le mental qui est aux commandes.
Le mental aime savoir, il aime contrôler. Il s’efforce de maîtriser même ce qui, par essence, ne peut être saisi intellectuellement. Il est habile à conceptualiser, mais il lui est difficile de laisser place à ce qui ne peut être connu par les mots.
Du mental au lâcher-prise : permettre à l’Être de s’épanouir
Avec le temps, plus nous progressons dans cette quête, plus un changement subtil s’opère. Le mental commence à percevoir qu’il y a "autre chose" que lui. D’abord réticent, il craint de perdre le contrôle. "Si je me dissous, est-ce que j’existe encore ?", semble-t-il se demander.
Mais, à force de méditations, d’explorations et d’introspection, il devient évident qu’au-delà du connu, quelque chose est toujours là. Quelque chose de présent, d’aimant, de stable. Un espace où il n’y a rien à prouver, rien à analyser, simplement une existence pure.
Petit à petit, le mental lâche prise, accepte de ne pas savoir. Il se fait plus souple, moins envahissant. C’est dans cet équilibre que l’Être peut commencer à grandir en nous. Le mental ne disparaît pas – il reste un outil précieux –, mais il cesse d’occuper toute la place pour faire émerger une expérience plus profonde du Soi.
Accepter l’inconnu et vivre la Connaissance avec un grand C
Renouer avec l’Être, c’est accepter de ne pas tout savoir, d’ouvrir les bras à l’inconnu. C’est faire confiance à la vie, au mouvement naturel des choses. "Que va-t-il se passer demain ? Mon projet va-t-il réussir ? Comment cela va-t-il évoluer ?" Nous n’en avons aucune idée.
Et pourtant, dans cette absence de contrôle, naît une liberté profonde. La Connaissance avec un grand C n’est pas un savoir intellectuel. C’est une expérience. Ce n’est pas comprendre ce qu’est l’Être, mais le vivre pleinement, le ressentir dans chaque instant.
Pour cela, il est parfois nécessaire de laisser à la porte celui qui sait, celui qui cherche, celui qui veut tout comprendre. Car c’est souvent à force d’accepter de ne pas savoir, à force de plonger dans cet inconnu intérieur, que l’on touche du doigt cette présence essentielle qui nous a toujours accompagné.
Le rôle du mental dans la quête du Soi
Face à cette idée, une question peut se poser : à quoi sert alors le mental, si ce n'est pas lui qui nous guide vers l’éveil ? Devons-nous simplement arrêter de chercher, sachant que c’est lui qui mène cette quête ?
En réalité, bien qu’il ne soit pas l’ultime réponse, le mental joue un rôle fondamental dans notre ouverture. C’est lui qui nous permet de questionner notre identité. C’est grâce à lui que nous sommes capables d’observer nos pensées et de nous demander : "Qui suis-je vraiment ?"
Le mental nous aide à voir que nous ne sommes pas seulement notre corps, car notre corps change constamment mais notre sentiment d’existence reste intact. Il montre que nous ne sommes pas non plus uniquement nos émotions, nos valeurs ou nos pensées, car tout cela fluctue. Nous sommes donc bien autre chose, quelque chose d’immuable.
En explorant ses propres limites, le mental pointe naturellement vers la vérité du Soi. Il nous guide jusqu’au seuil de cette grande Connaissance, puis, arrivé là, il peut s’effacer pour laisser place à l’expérience directe.
Une pratique pour s’ouvrir au Soi
Pour mieux intégrer cette distinction entre la connaissance mentale et la connaissance du Soi, voici une petite pratique simple que vous pouvez essayer.
Fermez les yeux. Amenez votre attention sur votre main et ressentez-la pleinement. Sentez ses contours, sa chaleur, sa texture. Elle est connue, elle fait partie de votre expérience consciente.
Maintenant, posez-vous la question : “Qui est-ce qui sent cette main ?” Essayez de tourner votre attention vers celui ou celle qui perçoit ces sensations. Où se trouve ce "moi" qui sent ? Votre tête ? Votre cœur ? Votre corps tout entier ?
Puis, allez plus loin : “Qui est-ce qui ressent ce moi ?”
Dans cette exploration, vous pourriez entrevoir un espace d’ouverture, un endroit où le mental ne peut poser de mots, mais qui existe pourtant. C’est ce passage vers l’inconnu qui nous permet de toucher la conscience purement, sans l’intervention du mental.
De la recherche à la redécouverte de ce qui a toujours été là
Finalement, cette quête de la Connaissance est un peu comme celle d’un poisson cherchant l’eau. Il nage, interroge ses semblables : "As-tu vu l’eau ? Sais-tu où elle est ?" Certains lui répondent qu’ils en ont vaguement entendu parler. Mais l’eau, il y a toujours baigné dedans.
Nous faisons de même avec la conscience. Nous la cherchons sans cesse, lisons des livres, suivons des enseignements, espérant y accéder un jour. Pourtant, elle a toujours été là. C’est en s’abandonnant à elle, en cessant de vouloir la saisir avec notre mental que nous réalisons qu’elle n’a jamais été absente.
Lorsque nous nous alignons avec notre Soi profond, les tensions en nous se dissolvent naturellement. Ce qui doit être libéré l’est, non plus par des efforts, mais parce que l’Être lui-même prend soin de ce qui doit l’être.
Ainsi, au-delà de la recherche et la compréhension du mental, nous nous dirigeons vers ce qui a toujours été là – une présence silencieuse, aimante et infinie.
